BESOINS NUTRITIFS et VIGNE + d’autres considérations.
Pour répondre à un ami qui se plaignait de sa vigne, je lui conseillais une analyse de sol et lui résumais quelques considérations sur les engrais, lues dans l’ouvrage de Guillaume Girard « Bases scientifiques et technologiques de la Viticulture ». Des considérations que je vous livre puisqu’elles sont valables pour toute autre culture à qui sait les adapter. Et puis surtout cela me libère d’un devoir de rédaction !
L’humus par ses micro-organismes, rend disponibles les éléments minéraux. De même, le fonctionnement de la rhizosphère est favorisé par les amendements organiques ou calcaires, ainsi que par le travail du sol.
A l’analyse, la matière organique se situe autour de 2 % en sol normal, mais elle doit être relevée en sol calcaire et en sol très argileux.
Le pH pour la vigne, doit se situer entre 7 et 7,5 voire 8. Inférieur à 6,5 il faut impérativement apporter un amendement calcaire.
Le commerce distribue les engrais sous une forme unitaire, binaire ou ternaire.
Les engrais ternaires apportent les 3 éléments principaux NPK, et éventuellement des éléments secondaires indiqués entre parenthèses, comme par exemple (+Mg). Leur dosage est exprimé en unités de chaque élément. Ainsi, un engrais composé 4-7-10 signifie qu’il contient 4 kg d’azote, 7 kg de phosphate et 10 kg de potassium pour 100 kg de produit commercial.
L’azote (N) n’est pas indispensable à la vigne, mais il en favorise la vigueur. Les engrais azotés acidifient le sol. Sous la forme ammoniacale, leur action est assez lente, aussi ils s’apportent à l’hiver. Mais sous forme nitrique, très lessivable, ils s’apportent au printemps car leur action est rapide et fugace.
Le phosphore (P) est nécessaire à la vigne, mais en faible quantité. Les phosphates naturels broyés sont peu solubles et s’apportent en surface, favorablement associés à une fumure organique. Les phosphates naturels calcinés (scories) sont légèrement solubles, alors que les phosphates ayant subi une attaque acide (superphosphate, phosphate d’ammoniaque) sont solubles et à action rapide.
Magnésium (Mg) et potassium (K) sont indispensables à la vigne qui demande un apport de 300 kg/ha de K²O en fumure de fond (et même 500 kg en sol argileux). Mais attention, car un excès de K entraîne l’antagonisme K/Mg qui bloque l’absorption de Mg. Par contre, une déficience en K cause le « rougeau minéral » en rouge, et la flavescence en blanc. Une analyse foliaire permet de poser un diagnostic et d’envisager un remède. Comme K est absorbé préférentiellement, des vendanges vertes (suppression de grappes en juillet) permettent sa régulation et améliorent la qualité du moût.
Les engrais potassiques existent sous 2 formes, les sulfates ou les chlorures. Bien qu’ils soient solubles et lessivables, leurs ions potassium sont facilement retenus par le CAH (complexe argilo-humique) et ils doivent donc s’enfouir dans le sol par un griffage. En viticulture, on utilise surtout les sulfates. Les engrais binaires comme « Patenkali » et Potamag » apportent K et Mg combinés.
Fumure d’entretien annuel pour un are de vigne : 450 g de potasse + 150 g de magnésium.
En utilisant du « Patenkali » titré à 30 % de K et à 10 % de Mg, on calcule qu’il contient 300 g de K et 100 g de Mg par kg. Donc, il faut épandre 1,5 kg de Patenkali par an et par are.
Si l’on considère que le vignoble compte 75 ceps à l’are, cela correspond à 20 g par pied. Sachons aussi que dans la pratique, on estime qu’une poignée d’engrais pèse environ 50 g !
Pour rappel :
l’azote s’apporte en surface à la fin de l’hiver pour les engrais organiques et au printemps pour les engrais minéraux
le phosphore s’apporte en surface pour bénéficier de l’activité microbienne
le magnésium s’apporte en surface vu sa facilité de lessivage
la potasse et les amendements calcaires s’enfouissent (sauf en sol sableux)
la matière organique s’apporte en profondeur (30 cm) pour un amendement, ou alors en surface suivi d’un décompactage d’aération.
Robert Coune