L’influence du climat sur la vigne

L’INFLUENCE DU CLIMAT SUR LA VIGNE
Parmi les facteurs qui concourent à la qualité du vin, les conditions climatiques jouent un rôle prépondérant, c’est particulièrement vrai dans nos régions septentrionales.

LES CONDITIONS METEOROLOGIQUES

  • LA LUMIERE – La vigne est une plante héliophile : elle exige des climats lumineux car ses fleurs nouent mal à l’ombre ou par temps brumeux. C’est par la photosynthèse que les feuilles transforment la lumière pour produire le sucre des fruits. Les années de grande insolation donnent les raisins les plus sucrés et les plus parfumés. Dans nos régions, il y a donc intérêt à éviter les situations ombragées : les directions Sud-est, Sud et Sud-ouest doivent être bien dégagées. La vigne doit absolument être protégée du Nord que ce soit par un mur, une haie ou un bosquet. Si elle est plantée à flanc de coteau, c’est l’idéal !
  • LA CHALEUR – Ce facteur, très étroitement lié à l’ensoleillement, est prépondérant pour diminuer la teneur en acides organiques. Dans nos régions, certains cépages ne peuvent mûrir leurs fruits que dans les années gratifiées d’étés chauds. Le nombre de jours dont la température dépasse 25°c en juillet et août contribue fortement à la maturité. Il y a donc intérêt à choisir des situations privilégiées par des microclimats et des cépages à maturité précoce pour bénéficier des arrière-saisons.Pour résumer ces deux premiers points, on peut affirmer que la Lumière produit le Sucre et que la Chaleur réduit l’ Acidité du raisin.
  • LE GEL – En hiver, les températures très basses peuvent occasionner des dégâts voire la destruction des souches : pour les cépages issus de la Vitis Vinifera, les dégâts apparaissent à partir de -15°c ; c’est la raison pour laquelle certains enterrent leurs souches pendant l’hiver. Par contre, pour les espèces américaines et leur descendance, on peut atteindre sans dommage -20 et jusqu’à -30°c. Au printemps, les gelées blanches sont responsables de la destruction plus ou moins complète des bourgeons avec le retard végétatif que cela entraîne. La nature du sol peut influencer les effets des gelées : sur un sol en friche, la température à 40 centimètres du sol est de 2 degrés inférieure en comparaison avec un sol nu et tassé, et dans le cas d’un sol travaillé, l’écart est de 3 degrés. La technique d’enherbement révèle également une faible augmentation des risques de gel par rapport à un sol nu et tassé. Les implantations dans des cuvettes ou dans des fonds de vallée sont défavorables car l’air froid s’y accumulant, il aggrave encore les risques. Ainsi, pour un vallon situé 15 mètres en contrebas d’un coteau, l’écart de température peut atteindre 6 degrés ! En automne, les gelées qui surviennent avant la récolte peuvent avoir une incidence sur la quantité et la qualité de la vendange. Si le feuillage est détruit avant la parfaite maturation du raisin, celle-ci est stoppée et ni la teneur en sucre ni celle en acide n’évolueront plus. Si le gel atteint les grappes et y provoque la mort des tissus, la peau des raisins se plisse et se flétrit avec le risque de voir s’installer la pourriture dans les lésions. Dans les deux cas, il faut vendanger le plus rapidement possible.
  • LA PLUIE – On admet qu’il faut un minimum de 300 à 350 mm de pluie pendant la période végétative et la maturation de la vigne (période comprise entre le débourrement et les vendanges). Dans notre région, on risque rarement de manquer d’eau. Les pluies d’hiver ont peu d’influence sur la vigne, excepté le fait qu’elles contribuent à la constitution de réserves d’eau dans le sol. Les pluies de printemps conditionnent la vitesse de croissance, la longueur des rameaux et l’importance de la surface des feuilles. Elles favorisent aussi, hélas, le développement des maladies comme le mildiou, le black rot, l’excoriose et l’anthracnose. Les pluies d’été permettent à la vigne de ne pas souffrir de la sécheresse, mais un été pluvieux faisant suite à un printemps également humide multiplie les risques de développement des maladies cryptogamiques et peut conduire à la catastrophe. En automne, si les vignes sont déjà atteintes, la pluie favorise les ravages occasionnés par le mildiou ainsi que le développement de la pourriture grise et des moisissures. A l’approche des vendanges enfin, la pluie est néfaste car elle fait gonfler les baies par apport d’eau ce qui a pour effet de diluer le sucre et de diminuer la qualité du raisin.
    Il faut encore noter que sur des terrains nus et en pente, les fortes pluies peuvent entraîner un ravinement du sol se traduisant parfois par un important déchaussement des pieds. On peut remédier à ce problème par un enherbement dont le rôle est de stabiliser le sol du vignoble.
  • LA ROSEE – Elle s’observe généralement au lever du soleil, après une nuit calme et claire ; elle couvre les herbes et les feuilles de la vigne de fines gouttelettes d’eau qui pourraient constituer un milieu favorable au mildiou et à la pourriture grise. Elle est plus fréquente au fond des vallées que sur le flanc des coteaux et au niveau du sol plutôt qu’en hauteur. De ce point de vue, les endroits aérés sont plus favorables à l’implantation de la vigne.
  • LES VENTS – Légers, au printemps, ils empêchent la formation des gelées nocturnes ; violents, ils peuvent arracher les jeunes pousses de leur souche. Au moment de la floraison, le vent favorise la dissémination du pollen. Il contribue également à l’aération du vignoble et, par voie de conséquence, à l’élimination partielle de l’humidité. Pour éviter les grandes portées au vent dans les situations fort exposées aux vents dominants, il est parfois préférable d’aligner les rangs de vigne dans le sens des vents dominants (ouest-est).
  • LA GRELE – Elle provoque des dégâts d’importance variable selon la nature des grêlons et le stade de la végétation. Avant la véraison, les baies sont meurtries et lésées ce qui peut entraîner leur éclatement par la suite. Si la grêle survient plus tard dans l’été, elle peut lacérer le raisin ouvrant ainsi la porte à la pourriture grise et au rot blanc. Dans les deux cas, le feuillage est également atteint ce qui entraîne les mêmes risques mais, de surcroit, la diminution de la surface foliaire contrecarre la photosynthèse avec pour conséquence une diminution de la teneur en sucre du raisin. Les filets de protection contre les oiseaux, généralement placés début août, peuvent atténuer les effets de la grêle.

LES CONDITIONS GEOGRAPHIQUES

  • LA LATITUDE – Dans notre hémisphère, la température de l’air diminue depuis l’équateur à mesure qu’on s’élève en latitude en direction du Nord. L’abaissement moyen serait de 0,6°c par degré de latitude entre Alger et Leningrad. La limite de la culture de la vigne se situe aux environs de 50° de latitude Nord. Comme notre région se trouve légèrement au Nord de cette limite, on comprend la nécessité de choisir les endroits bénéficiant d’un microclimat favorable.
  • L’ALTITUDE – On admet qu’une élévation de 100 mètres fait perdre 0,6°c en moyenne. Dans la vallée mosane, la plupart des vignes sont plantées à environ 100 mètres au-dessus du niveau de la mer : ce facteur n’y est donc pas déterminant. Par contre, pour les vignes plantées sur les plateaux de Hesbaye ou surtout pour celles plantées dans le Condroz, il devient plus préoccupant.
  • LE RELIEF – Les vignobles de coteaux permettent très souvent d’obtenir les meilleurs vins. Les dispositions en amphithéâtre, créant des microclimats bien abrités des vents froids et ensoleillés une grande partie de la journée, sont idéales. Par contre, les fonds de vallée et les cuvettes où le soleil tarde à se lever et où il disparaît tôt le soir constituent des endroits défavorables car les nuits y sont plus froides et, de plus, l’air froid s’y accumulant, les risques de gelées printanières y sont accentués. En outre, la stagnation des brouillards y favorise les risques de pourriture grise en automne.
  • L’EXPOSITION – Dans notre région, l’exposition joue un rôle primordial. Les expositions Sud-est et plein Sud donnent généralement les meilleurs résultats car la vigne y reçoit les rayons du soleil dès son lever avec pour conséquence une élévation plus précoce de la température de l’air et aussi parce que les vignes y sont abritées des vents froids du Nord. Les expositions au Sud-ouest sont moins bonnes car les sols y demeurent froids et humides pendant la matinée.
  • L’INCLINAISON DU SOL – C’est sur les pentes inclinées à 30° que le soleil fournit au sol la plus grande quantité de chaleur durant toute une journée. Il faut donc rechercher les situations qui se rapprochent de cette inclinaison, qu’elles soient en coteau ou en terrasses.
  • LES FORETS – Elles peuvent constituer un abri contre les vents froids du Nord ou contre ceux humides de l’Ouest et parfois créer des microclimats. Toutefois, la proximité d’un bois peut aussi aggraver les risques de gelées printanières.
  • LES COURS D’EAU – La plupart des vignobles d’antan dans notre région étaient implantés sur la rive gauche de la Meuse parce que cette rive présente des coteaux escarpés et exposés plein Sud. De plus, la réflexion des rayons solaires sur la surface du fleuve augmente la luminosité aux alentours. Enfin, l’atmosphère un peu humide de ces situations favorise la régulation des températures en diminuant les abaissements nocturnes.

Jules MARQUET.

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