Bilan météo millésime 2009
En ce qui concerne les températures, et, après un hiver particulièrement rigoureux, on constate, comme en 2007, un mois d’avril anormalement chaud par rapport à la moyenne des sept dernières années avec 14 journées présentant des températures maximales supérieures à 20°. Le mois d’août a, lui aussi, été sensiblement plus chaud que d’habitude. Si l’on considère le cumul pour juillet et août, avec 17 journées présentant une température maximale journalière supérieure à 25° en juillet et 23 journées en août, on peut affirmer avoir bénéficié d’un été exceptionnel. Seul, le mois de juin a été nettement plus frais.
En ce qui concerne les précipitations, elles se sont réparties, sans excès et de manière particulièrement régulière jusqu’à la fin juillet (60 litres chaque mois) et contrairement à l’année dernière, notre région a été épargnée par les violents orages. Par la suite, la sécheresse s’est installée jusqu’à la fin septembre (33 litres pour août à septembre). Le cumul des précipitations d’avril à septembre a été comparable à celui de 2003. Les 50 mm de pluie en première décade d’octobre ont été facilement absorbés par la couche superficielle et n’ont réellement humidifié que les 20 premiers centimètres du sol.
Conséquences pour la vigne :
Les très fortes gelées enregistrées durant la première décade de janvier ont provoqué, en certains endroits, des dégâts qui se sont manifestés par le dépérissement voire la mort des souches les moins résistantes.
Avec les températures élevées du début avril, le débourrement s’est manifesté de manière assez subite mais, dans les endroits moins protégés, les gelées blanches des 23 et 24 avril ont occasionné des brûlures aux jeunes pousses ainsi que l’avortement de certains bourgeons et fait perdre, localement, le bénéfice d’un beau départ de la végétation. Ceux qui ont été confrontés à ces conditions ont constaté, par la suite, une production de grappes plus réduite que d’ordinaire.
La fraîcheur du mois de juin ne semble pas avoir eu une grande incidence sur la floraison et sur la nouaison qui se sont produites, en général, vers le milieu du mois. Le peu de précipitations (11,5 litres) entre le 15 et le 25 juin a certainement été profitable.
L’orage du 27 juin (+/- 20 litres) suivi d’une dizaine de journées avec températures proches de 30° ont, par endroits, déclenché une pression du mildiou (aussi bien sur feuilles que sur grappes) que la plupart ont pu maîtriser par un traitement approprié. D’autres, moins nombreux, ont constaté des attaques d’oïdium et, plus rarement encore, de brenner localisé à quelques ceps.
En août, malgré la chaleur et le temps sec, certains ont constaté l’apparition de quelques traces de mildiou mosaïque sur feuilles adultes et, plus fréquemment, de taches de mildiou sur les feuilles les plus jeunes (en général celles des derniers gourmands)
Les conditions exceptionnelles du mois d’août ont participé à une maturation précoce du raisin et, paradoxalement, la plupart constatent, malgré la sécheresse, des grains de raisin particulièrement gros sur la plupart des cépages. L’explication se trouve peut-être dans l’abondance des précipitations de 2008 qui avaient contribué à constituer d’importantes réserves d’eau dans le sous sol ! Les précipitations modérées mais très bien échelonnées depuis le débourrement jusque fin juillet ont vraisemblablement aussi participé à ce phénomène.
Compte tenu des conditions d’ensoleillement de juillet et août, on doit s’attendre à des teneurs en sucre élevées : c’est, essentiellement, la luminosité qui participe à la photosynthèse et donc à la production de sucre. De son côté, la chaleur (40 journées avec des températures maximales supérieures à 25°) aura contribué à brûler les acides organiques : on doit donc s’attendre à des acidités relativement faibles particulièrement dans les vignes bien exposées. Rappelons également que le beau temps de cet été a favorisé la construction des ébauches de grappes dans les bourgeons de l’année prochaine ! S’ils ont été bien exposés à la lumière et à la chaleur grâce à une bonne aération de la végétation, les fruits de ce travail se mesureront à la récolte suivante.
L’écart relativement marqué entre les températures diurnes (21,2°) et nocturnes (11,4°) en septembre a favorisé une lente poursuite de la maturation propice au développement des arômes et à l’obtention de vins fruités et bouquetés.
La sécheresse du mois de septembre a eu pour conséquence la chute anticipée du feuillage situé à proximité des grappes : l’effeuillage habituellement préconisé pour une meilleure exposition du raisin n’a donc pas eu de raison d’être. La sécheresse devrait aussi avoir pour conséquence une épaisseur plus importante de la pellicule du raisin. Quant à la pluie, pourtant importante, du début octobre, elle a été rapidement absorbée par la couche superficielle et n’a guère eu d’incidence sur le raisin. Par contre, le gel important, la nuit du 14 au 15 octobre, a brûlé le feuillage et contraint ceux qui auraient encore voulu patienter à anticiper leurs vendanges.
Pour terminer, on se réjouira que ces conditions météorologiques très favorables nous auront largement aidés dans la protection contre les maladies cryptogamiques et particulièrement vis-à-vis de la pourriture grise.
Conclusions :
Si le millésime 2009 n’est pas aussi exceptionnel pour la vigne que ne l’avait été celui de 2003, il est certainement un très beau millésime un peu comparable à 2006 et les vendanges seront probablement anticipées de quelques jours par rapport à une année moyenne.
On peut s’attendre à récolter des raisins à parfaite maturité et d’un très bon état sanitaire qui devraient donner des vins riches en alcool.
Pour les cépages précoces généralement peu acides, il faudra choisir entre des teneurs en sucre très élevées et des acidités trop faibles : attention à la lourdeur. Il sera probablement indiqué d’acidifier légèrement ou de procéder à des assemblages avec des vins plus acides.
Pour les cépages les plus tardifs, c’est l’occasion d’obtenir la combinaison parfaite entre une maturité technologique aboutie et un état sanitaire impeccable. Pour les blancs, il faudra bien réfléchir avant de décider du bien fondé d’une fermentation malolactique. Pour les noirs, ce devrait être, notamment pour ceux qui ne s’y sont pas encore risqués, l’occasion de tenter une vinification en rouge.