L’ENHERBEMENT
Depuis une vingtaine d’années, la technique d’enherbement des vignobles tend à progresser au détriment de la technique des labours. Les phénomènes d’érosion des sols et l’absence de biodiversité dans les vignobles cultivés en sol nu sont certainement pour beaucoup dans l’adoption de cette technique. L’enherbement peut être permanent, temporaire ou partiel. Il peut être naturel ou issu de semis. De nombreux articles très fouillés sur le sujet sont disponibles sur Internet. En règle générale, l’enherbement ne se pratique pas durant les 3 premières années qui suivent la plantation. Ce délai est mis à profit pour favoriser une bonne implantation des jeunes vignes qui pourrait être contrariée par la concurrence liée à un enherbement immédiat. En effet, l’herbe consomme une partie de l’eau et de l’azote disponibles pour sa propre croissance.
AVANTAGES
La concurrence de l’herbe réduit la vigueur de la vigne ce qui se traduit par une végétation moins exubérante et donc par une meilleure aération du feuillage avec pour conséquence un meilleur état sanitaire du raisin (diminution de la pression du botrytis).
Elle entraîne une baisse du rendement (partiellement compensée après quelques années par le développement en profondeur des racines) favorable à la qualité du raisin (augmentation de la teneur en sucre, diminution de l’acidité, meilleure expression du terroir).
Elle provoque une modification du système racinaire. Sur sols profonds, la densité racinaire diminue sous l’inter-rang mais augmente sous le rang et en profondeur.
L’enherbement contribue à une régulation de l’humidité du sol : en cas d’excès de pluie, l’herbe la consomme en poussant : des tontes régulières permettent d’évacuer l’eau en excès. En cas de sécheresse, elle protège le sol d’une évaporation excessive : au pire, l’herbe se dessèche.
C’est une source de matière organique qui permet d’augmenter la vie biologique des sols.
Il a un effet décompactant du tissu racinaire et augmente la stabilité structurale, la porosité et la perméabilité du sol.
Il assure une protection de la surface du sol vis à vis de la pluie, et permet ainsi de limiter le ruissellement, les phénomènes d’érosion et les transferts de produits phytosanitaires.
Il permet de créer une niche écologique (biodiversité) pour les auxiliaires comme les typhlodromes.
INCONVÉNIENTS
L’enherbement augmente les risques de dégâts en cas de gelées de printemps (à cause de l’augmentation de la surface de réfraction). Ces risques peuvent être réduits en pratiquant une tonte rase aux moments critiques et particulièrement avant le débourrement.
Sur sols peu profonds, la densité racinaire diminue et peut entraîner une trop forte réduction de vigueur voire un affaiblissement de la vigne.
En cas de sécheresse importante sur sols superficiels, la vigne risque de manquer d’eau. C’est alors le stress hydrique qui peut diminuer le potentiel quantitatif et qualitatif des ceps.
Jules MARQUET.