L’influence du sol sur la vigne

L’INFLUENCE DU SOL SUR LA VIGNE

La vigne est l’une des plantes qui exige le moins du sol dans lequel elle est plantée, ce qui explique son succès dans des terrains pauvres où d’autres cultures seraient impossibles. Il ne faudrait toutefois pas en déduire qu’elle peut être cultivée n’importe où. L’influence du sol sur la vigne est complexe : sa structure physique et sa composition chimique s’associent pour former une multitude de combinaisons qui détermineront la qualité du raisin et la personnalité du vin qui en sera issu.

LA STRUCTURE PHYSIQUE DU SOL

En général, la vigne n’aime pas les sols lourds et imperméables. Par contre, elle se complait dans les terrains caillouteux, aérés et bien drainés dans lesquels la chaleur emmagasinée par les pierres pendant le jour lui est restituée durant la nuit. Le degré de maturité du raisin mais aussi la qualité du vin sont conditionnés en partie par le sol. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne la finesse, les arômes et le corps du vin. Les meilleurs sols sont généralement ceux qui respectent un bon équilibre entre les trois constituants de base de la plupart des sols : silice, argile, calcaire.

  • LA SILICE – Elle se présente souvent sous forme de sable ou mélangée à l’argile. Les sols sablonneux conviennent bien à la production de vins blancs. Ils favorisent aussi la précocité car ils se réchauffent facilement. La silice tend à donner des vins légers, peu alcooliques mais très fins.
  • L’ARGILE – Les sols fortement argileux sont froids et imperméables ce qui les rend peu aptes à la culture de la vigne. Par contre, lorsque la proportion d’argile descend sous 25 %, on constate une bonne adaptation de la vigne. L’argile donne des vins plus colorés, plus riches en alcool et en tanins et plus corsés.
  • LE CALCAIRE – La présence de calcaire est favorable à la qualité du vin, mais le choix des porte-greffes doit être fait en fonction de leur sensibilité à cet élément et de sa concentration dans le sol. Le calcaire active le développement des parfums, particulièrement pour les cépages musqués comme le Gewurztraminer et le Sieger.
  • L’HUMUS – Les terres les plus riches sont généralement celles qui contiennent le plus d’humus, la présence de cet élément en excès se manifeste notamment par la présence de mouron. Comme ces terres sont également riches en azote, les vignes y prennent un grand développement, ce qui risque de privilégier la quantité au détriment de la qualité. Les terres les plus riches donnent des vins plus colorés et plus riches en tanins mais ces vins risquent également d’être plus grossiers et de moins bonne conservation.
  • LES CAILLOUX – Par opposition aux précédents, les sols caillouteux sont généralement pauvres : ils permettent d’obtenir une qualité élevée au détriment des rendements. La présence de cailloux
    assure l’aération du sol ainsi que son drainage. Ils ont aussi des effets thermiques importants car ils s’échauffent beaucoup durant le jour et restituent leur chaleur durant la nuit, ce qui est favorable à la maturité des grappes les plus proches du sol.
  • LA COULEUR DU SOL – Les sols foncés s’échauffent plus facilement que ceux de couleur claire, ce qui entraîne une croissance plus puissante et plus rapide. Par contre, les sols foncés sont aussi plus exposés aux gelées blanches car ils se refroidissent plus vite.
  • LA COMPOSITION CHIMIQUE DU SOL – Elle influe sur la quantité et sur la qualité des raisins et en conséquence sur la qualité des vins obtenus. Les terres maigres, pauvres en éléments fertilisants, sont très favorables à la qualité particulièrement en année chaude. Au contraire, les terres fertiles permettent d’obtenir des souches puissantes pouvant nourrir des récoltes élevées mais de moindre qualité. Dans nos régions, ces rendements élevés se font au détriment de la teneur en sucre dès que les conditions climatiques sont moins favorables. Avant de planter la vigne, il est souhaitable de procéder à une analyse de terre pour être en mesure de corriger d’éventuels déséquilibres. En général, les laboratoires fournissent, en même temps que les résultats de leur analyse, les conseils de fumure adaptés à la culture.
  • L’AZOTE – Il permet le bon développement des feuilles et fait grossir les fruits. Sous nos climats tempérés, le sol ne peut fournir que les deux tiers de l’azote total absorbé par la plante : le solde doit être apporté par des engrais. Les besoins les plus importants se situent une quinzaine de jours avant la véraison, puis une dizaine de jours avant les vendanges. La carence en azote se manifeste par un jaunissement général du feuillage rappelant la chlorose et parfois d’une défoliation
    progressive. En fin de saison, on peut observer un rougissement précoce et anormal des feuilles.
  • LE PHOSPHORE- Il concourt à la floraison et à la fructification et favorise la croissance des tissus. Il corrige les excès en azote tout en améliorant la vigueur des plants. Les besoins les plus importants se situent avant l’arrêt de l’allongement des rameaux, puis juste avant la maturité.
  • LA POTASSE – C’est l’élément indispensable pour obtenir un bon vin : elle donne la couleur, la saveur et le parfum du vin. Elle contribue à la solidité des tissus. En général, les terres argileuses en sont bien pourvues (proportionnellement à leur teneur en argile), les terres argilo-calcaires et argilo siliceuses sont moyennement riches et les terres sablonneuses sont pauvres en cet élément.
    Les besoins les plus importants se situent dans la période comprise entre la floraison et un mois après la véraison. La carence en potassium se manifeste par une brunissure des feuilles partant de la périphérie et se propageant vers le centre entre les nervures. La maturation des grappes est irrégulière avec des grains qui restent verts. Parfois, on constate une chute complète du feuillage !
  • LA CHAUX – Elle assure la formation du squelette de la plante. Les besoins en chaux sont exprimés par le PH du sol (son degré d’acidité). La vigne est une plante assez tolérante vis à vis de ce facteur puisqu’on la trouve aussi bien dans des sols très acides (PH = 4) que dans des sols calcaires très alcalins (PH = 8,5). Les besoins les plus importants se situent au moment de la véraison.
  • LE MAGNESIUM – Il favorise l’élaboration chlorophyllienne. Les besoins les plus importants se situent à la floraison et à la véraison. Comme cet élément se concentre surtout dans le feuillage, il se produit une restitution naturelle mais partielle lors de la chute des feuilles.
  • LES OLIGO-ELEMENTS – Ces éléments, comme le cuivre, le fer, le zinc, le manganèse, le bore, le molybdène…, jouent également leur rôle dans la croissance de la vigne et dans la qualité du raisin. Leur excès, comme leur carence, peuvent avoir de lourdes conséquences. Toutefois, on a remarqué qu’en maintenant le PH du sol au-dessus de 5,5 par des amendements calcaires, on évite généralement les carences en ces éléments.

Jules MARQUET.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.