PREPARATION D’UN POTAGER AVANT SEMIS
Destinée aux jardiniers débutants, la rubrique de janvier présentait la conception d’un potager. Ce mois, nous poursuivons logiquement par la préparation du sol en l’envisageant pour un « petit » potager, travaillé avec des outils classiques, non mécaniques. Les méthodes diffèrent selon qu’il s’agit d’un terrain vierge n’ayant jamais servi au maraîchage ou d’une terre déjà en culture.
Pour une nouvelle culture, la tradition recommande d’ôter et de déplacer les premiers 25 cm du sol (zone aérobie) pour atteindre une profondeur de bêchage de 40 cm et plus. Puis de remettre en place la terre ôtée et de l’émietter. Ce travail physique, appelé « défoncement », pour pénible qu’il soit, peut faire l’objet d’une rotation échelonnée sur 3 ou 4 ans en ne l’appliquant qu’à une portion de jardin. Le reste, normalement bêché, suffit à bien des cultures.
Le défoncement doit s’accompagner d’un désherbage. De préférence manuel, car un désherbage chimique n’est guère recommandable et doit s’effectuer préalablement. Pour les paresseux, dont je suis, le procédé le plus facile est de couvrir le sol durant quelques semaines, par des cartons qui asphyxieront la végétation. De plus, c’est une opportunité de se débarrasser des limaces réfugiées sous le couvert. Mais gare aux mulots !
La première année, en général, un sol neuf reçoit une culture de pommes de terre dont l’ombrage du feuillage aide grandement à limiter le développement des adventices.
Un potager déjà cultivé, se bêche à l’automne sur toutes les surfaces inutilisées. La terre retournée à grosses mottes « sans les casser », favorise l’aération et la pénétration des pluies. Le printemps venu, les mottes effritées sous l’action des gelées hivernales, il suffira d’un simple émiettement au croc suivi d’un ratissage pour achever le travail de préparation. L’enfouissement du fumier accompagne généralement le bêchage automnal. Pour un are, on incorpore 1200 à 1600 kg de fumier de bovins pour les foliacées et 500 à 600 kg/are maximum pour les pommes de terre. Faible en engrais mais indispensable pour fournir l’humus, le fumier ne convient pas à toutes les plantes (notamment les légumineuses), car selon son origine et son stade de décomposition, il peut engendrer faiblesses ou maladies. Renseignons-nous !
Celui qui possède un sol de bonne qualité, à la structure favorable et avec un taux de matière organique élevé présentant une forte activité biologique, ne doit pas nécessairement retourner son potager. Au printemps, lorsque la terre est bien « ressuyée », il peut remplacer le labour automnal par un simple soulèvement suivi d’un remuage. Cette pratique, s’opère à l’aide d’une fourche-bêche à dents de 20 cm, vendue sous diverses appellations : Grelinette, Guérilu, etc. L’outil se compose d’un double manche avec ou sans poignées. On l’enfonce comme une bêche, le tire vers soi, et par des mouvements rotatoires la motte soulevée se fragmente. S’ensuit alors le ratissage. Cette méthode, en plus d’être rapide et respectueuse du sol, « épargne le dos ». C’est appréciable ! Mais elle nécessite surtout de ne jamais tasser le sol. Ce qui ne pose guère de problèmes quand le potager est configuré avec des sentiers et des plates-bandes pas trop larges.
Pour terminer, ajoutons que la bêche plate s’utilise pour les terres légères et la fourche-bêche pour les terres compactes ou caillouteuses, et à la proximité des arbres fruitiers pour ne pas abîmer les racines. Surtout, gardons à l’esprit qu’un sol bien préparé doit correspondre à la culture à venir. Un semis direct réclame une texture proportionnée au calibre des graines. Des laitues ou des oignons demandent une préparation plus fine que des haricots. Pensons-y !
Robert Coune