Bilan météo millésime 2010

 Bilan météo millésime 2010

En ce qui concerne les températures, et, après un hiver à nouveau rigoureux (35 nuits gélives pour janvier, février et mars), on a constaté un mois d’avril très frais avec de nombreuses nuits particulièrement froides entre le 9 et le 24 et il a fallu attendre le 25 pour bénéficier de quelques journées avec des t° enfin supérieures à 20°c. La fraîcheur s’est à nouveau installée en mai et ce n’est qu’à partir du 15 que la barre des 20° a été régulièrement atteinte, les nuits restant froides jusqu’au 20. La chaleur n’est véritablement apparue qu’en juin avec 12 journées à plus de 25° puis elle s’est transformée en canicule dès le début juillet avec 24 jours à plus de 25° dont 17 à plus de 30°. En août, les températures ont varié la plupart du temps entre 20 et 25° avec seulement 8 journées à plus de 25° mais c’est surtout l’ensoleillement qui a été défectueux. La première quinzaine de septembre, les températures se sont maintenues autour de 20° avec de fréquentes nuits proches des 10°. Du 20 au 24 un très court répit a ramené un peu d’ensoleillement et de chaleur, mais la fin du mois a été fraîche et le temps est resté couvert. Par contre, la première décade d’octobre fut lumineuse avec 8 journées successives à plus de 20° mais les nuits se sont rafraîchies dès le 11 avec l’apparition des premières gelées nocturnes.

En ce qui concerne les précipitations, le déficit déjà constaté depuis le début de l’année s’est poursuivi au printemps avec 30 litres en avril, 44 en mai et seulement 16 litres en juin. Malgré la canicule de juillet on a tout de même observé 65 litres de précipitations essentiellement sous forme d’orages parfois accompagnés de grêle les 14 et 16. En août, ce fut le déluge avec 128 litres (et davantage en certains endroits) dont 70 litres entre le 14 et le 18. En septembre, 14 journées avec pluie ont maintenu une ambiance très humide avec de nombreuses matinées baignées de brouillard bien que les quantités (47 litres) soient restées sous les normales. La première quinzaine d’octobre a été marquée par un temps sec favorisé par des vents d’est.

Conséquences pour la vigne : 

 Les fréquentes gelées enregistrées durant les trois premiers mois de l’année ne semblent pas avoir occasionné de dégâts.

 Avec les températures trop fraîches du début avril, le débourrement ne s’est manifesté que très lentement et il ne s’est généralisé qu’à la fin du mois. Dans les endroits moins protégés, les fortes gelées blanches des 17, 22 et 23 avril ont occasionné des dégâts. Mais, ces gelées ayant été clairement annoncées, quelques-uns parmi nous avaient installé des protections de fortune qui semblent avoir donné des résultats positifs.

 Les mauvaises conditions du mois de mai ont provoqué un départ de végétation beaucoup trop lent avec pour conséquence, dans certains endroits, une invasion d’acariens et de thrips et des dégâts consécutifs parfois considérables. Partout on a constaté un retard végétatif d’une dizaine de jours par rapport à une année moyenne.

Le véritable départ de la végétation ne s’est vraiment manifesté que fin mai et s’est poursuivi avec les excellentes conditions de juin. On a alors constaté une magnifique « sortie » avec des boutons floraux nombreux et bien développés qui se sont confirmés à la nouaison par de grosses et (trop ?) nombreuses grappes. C’était aussi, rappelons-le, une des conséquences de l’ensoleillement exceptionnel de 2009 ! Toutefois, plusieurs ont constaté un étalement de la floraison et parfois deux périodes clairement distinctes qui peuvent expliquer de fortes hétérogénéités des teneurs en sucre au sein d’une même vigne. Cette constatation a aussi été faite en Bourgogne !

Malheureusement, la canicule de juillet a desséché les sols car les 65 litres de pluie tombée durant le mois se sont rapidement évaporés et, dans de nombreux endroits, la vigne a souffert du manque d’eau (stress hydrique). Dans ces conditions, la vigne referme ses stomates (pores des feuilles) ce qui entrave l’absorption du CO² nécessaire à la photosynthèse. Il en résulte une diminution de la production de sucre. Ainsi, sur le cépage Sieger réputé précoce, on constate, le 10 septembre à Antheit et Moha, une différence de 2° potentiel d’alcool par rapport à la même date en 2009. Dans certains cas, on a aussi pu constater un arrêt précoce de la croissance. Pour les jeunes plantations particulièrement, la sécheresse a eu une incidence importante car leur enracinement est souvent très superficiel. Malgré cela, ceux qui ont replanté sont satisfaits du bon taux de reprise souvent avec le concours d’abondants arrosages.

Cette situation a perduré jusqu’au 14 août avec pour seule conséquence positive un état sanitaire qui semblait impeccable. Par la suite les pluies diluviennes du 15 au 18 ont gorgé les sols. La vigne, assoiffée, s’est remise en végétation avec un grossissement subit des grains de raisin et souvent l’éclatement de certains d’entre eux. A partir de là commencent les problèmes sanitaires car les conditions (humidité permanente, températures douces mais manque de soleil) sont réunies pour l’apparition des maladies. Le mildiou ne s’est guère manifesté car la période qui lui est la plus favorable (juste avant et après la floraison) fut particulièrement sèche et ensoleillée. Par contre, l’oïdium s’est installé insidieusement en de nombreux endroits, parfois même de manière virulente, et, plus tard vers la fin du mois, on a commencé à détecter la présence précoce de pourriture grise. Ces maladies se sont évidemment développées avec plus d’intensité dans les vignes les plus compactes ou les plus soumises à la persistance des brouillards matinaux. L’abondance de grappes a aussi pu servir de vecteur des contaminations surtout dans le cas de la pourriture grise.

Début septembre, la douceur relative, de nombreuses matinées avec brouillard et l’absence de soleil ont continué d’entretenir ces mauvaises conditions. A partir du 10, quelques journées plus ensoleillées et le vent ont permis de réduire l’humidité ambiante. Ceux qui avaient pratiqué un effeuillage dans la zone des grappes à la véraison ont pu constater les bienfaits de cette pratique. La fin du mois, à nouveau marquée par l’humidité ambiante et par un déficit d’ensoleillement, a contrarié le mûrissement des raisins et maintenu des conditions favorables au botrytis. Heureusement, la première quinzaine d’octobre très ensoleillée et sans pluie a permis d’assécher la végétation et contribué à relever la teneur en sucre des raisins sans toutefois permettre d’atteindre les teneurs habituelles. L’arrivée subite des premières gelées nocturnes (modérées) à partir du 11 octobre n’a pas eu les conséquences redoutées sur le feuillage et les plus audacieux ont fait le choix de retarder leurs vendanges. 

Conclusions :

 Le millésime 2010 ne produira vraisemblablement pas de grands vins dans notre région. On le regrettera d’autant plus que la floraison laissait présager une récolte abondante. Malgré la canicule de juillet, il faut remonter à 2004 pour trouver une période avril à septembre aussi fraîche. Les conditions météorologiques excessives (trop froid au printemps, trop chaud en juillet, trop humide en août et trop frais en automne) ont contrarié un déroulement régulier de la végétation entraînant un retard significatif. Sauf exception, les maturités risquent d’être insuffisantes particulièrement pour les vins rouges. Il faudra probablement rechercher la malo pour certains vins blancs et on pourrait envisager une champagnisation des moûts trop acides plutôt que de recourir à la désacidification chimique souvent préjudiciable à la qualité. Les vendanges seront retardées (pour autant que les conditions climatiques et l’état sanitaire le permettent) en raison de teneurs en sucre insuffisantes. Pour les cépages tardifs, il sera probablement utile de recourir à une chaptalisation raisonnable.

Là où l’oïdium aura sévi, il sera indispensable de sortir le feuillage après les vendanges et de le brûler. Il faudrait procéder à une pulvérisation de soufre sur les bois avant et après l’hiver. Il serait également judicieux de brûler les bois de taille contaminés.

Là où la pourriture grise se sera installée, un tri minutieux de la vendange devra être opéré sous peine de difficultés lors des fermentations ou d’apparition de mauvais goûts dans les vins. Des débourbages soignés devront être réalisés pour éliminer les résidus des pulvérisations tardives et favoriser une bonne clarification ultérieure.

On peut également redouter que le manque d’ensoleillement sur l’ensemble de la période végétative soit préjudiciable à l’aoûtement des bois ainsi qu’à la bonne formation des ébauches de grappes dans les bourgeons de l’année prochaine. 

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