Les labours dans la vigne

LES LABOURS DANS LA VIGNE

Les labours ont pour objet d’ameublir le sol, de l’aérer, de faciliter la pénétration de l’eau de pluie de permettre aux engrais d’arriver aux racines. En détruisant la végétation spontanée, ils contribuent au bon état sanitaire du vignoble car cette végétation peut être le siège de maladies cryptogamiques.

LE LABOUR DE PLANTATION

Le labour qui précède la plantation du vignoble doit être pratiqué de sorte à permettre un émiettement en profondeur qui facilitera la progression des jeunes racines et contribuera ainsi à la bonne reprise des plants. Préalablement à ce labour, certains vignerons procèdent à l’élimination des mauvaises herbes par l’utilisation de désherbants ; d’autres, au contraire, lui attribuant un rôle d’engrais vert, prennent bien soin d’enfouir cette végétation en profondeur.
Si ce labour est effectué avant l’hiver, les mottes se déliteront très finement sous l’action des gelées. S’il est pratiqué au printemps, les mottes devront être émiettées de préférence au moyen d’une fraise mécanique.
Si un déséquilibre de la composition chimique du sol a été mis en évidence lors de l’analyse d’un échantillon représentatif de la parcelle, c’est lors de ce premier labour que les amendements nécessaires seront apportés.

LES EFFETS DES LABOURS

· Destruction de la végétation spontanée : Le labour a surtout une action contre les plantes annuelles dont les racines sont implantées dans la couche superficielle du sol. Par contre, vis à vis de certaines plantes vivaces comme chiendent, liseron, orties et ronces, les labours ont moins d’effet car leurs racines sont implantées plus profondément dans le sol. Pire même, ils aggravent le problème en favorisant leur prolifération. Pour cette raison, il est parfois nécessaire de faire
précéder le labour par un traitement aux désherbants. Dans ce domaine, le vigneron aura à coeur de faire preuve de la plus grande prudence. On ne saurait, en aucun cas, taxer de conservatisme ceux
qui renoncent à l’usage de produits dont tous les effets sont loin d’être connus !
· Ameublissement du sol : Les labours provoquent l’émiettement de la croûte superficielle tassée et durcie à la fois par les passages répétés du vigneron et par les averses de pluie. Cet émiettement est encore renforcé lorsque le labour est pratiqué avant l’hiver ; en effet, le gel de l’eau de constitution du sol s’accompagne d’un gonflement qui provoque l’éclatement naturel des mottes de terre.
· Aération du sol : Cette aération est assurée par le foisonnement de la couche labourée. En détruisant leurs racines superficielles, le labour entraîne l’établissement du système d’enracinement des jeunes
vignes dans des couches plus profondes où elles seront à l’abri des périodes de sécheresse. L’aération joue également un rôle important en accélérant la transformation de l’azote organique en azote nitrique assimilable par la plante : c’est ce que l’on appelle la nitrification du sol.
· Pénétration de la pluie : La perméabilité du sol est évidemment améliorée par l’émiettement de la couche superficielle ce qui permet à la pluie de pénétrer dans le sol au lieu de ruisseler en surface. De plus, le maintien d’une couche de terre constamment travaillée pendant l’été diminue l’évaporation de l’eau située en profondeur en rompant la capillarité du sol. Enfin, les labours permettent de rompre les fissures profondes qui peuvent apparaître dans les sols argileux lors de
périodes de sécheresse : on évite ainsi le dessèchement préjudiciable que ces fissures entraîneraient à proximité des racines.
· Pénétration des engrais : L’eau étant le vecteur principal pour l’acheminement des engrais vers les couches profondes, il va de soi que les labours, en améliorant la perméabilité du sol à la pluie, favorisent aussi la pénétration des engrais vers les racines.
· Exploitation du sous-sol : Certains reprochent aux labours de sectionner les racines superficielles de la vigne l’empêchant ainsi de profiter de la richesse en éléments fertiles des couches supérieures.
D’autres, au contraire, recherchent cet effet pour forcer la vigne à s’enraciner plus profondément dans le sol et à y puiser tout le caractère que peut lui conférer le terroir dans lequel elle est implantée. On peut en effet penser que l’exploitation des seules couches superficielles tendrait à uniformiser les caractéristiques des vins puisque la composition du sol dans ces couches tend elle-même à s’uniformiser par l’usage des engrais.

LE RYTHME DES LABOURS
· Le premier labour se pratique après la taille d’hiver lorsque les sarments ont été ramassés. En supprimant les mauvaises herbes, il contribue à diminuer l’impact des gelées printanières. On peut aussi profiter de ce premier labour pour épandre les engrais de fond.
· Le second labour est fait après les dernières gelées, vers le 15 mai : il contribue à supprimer les mauvaises herbes qui ont poussé au début du printemps. Il faut s’abstenir de labourer pendant la floraison car la fraîcheur émanant du sol peut lui être préjudiciable.
· Le troisième labour s’effectue après la floraison. C’est un labour plus superficiel qui, à nouveau, supprime la végétation indésirable. Jusqu’aux vendanges, on procède ensuite à des scarifiages
superficiels pour maintenir le sol propre et meuble sur quelques centimètres de profondeur. C’est la fréquence des interventions dans la vigne et des averses de pluie qui en déterminera le rythme.
· Un dernier labour est pratiqué après la récolte car le sol est souvent très tassé après les passages répétés des vendangeurs. Certains vignerons préfèrent ce dernier labour, plutôt que celui du printemps pour épandre la fumure de fond. Celle-ci, souvent organique, bénéficiera de toute la période hivernale pour bien imprégner le sol.

Jules MARQUET.

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