Visite d’une plantation fruitière

Visite d’une plantation fruitière professionnelle

A Seraing-le-Château, la plantation d’Alain Dirick s’étend sur 20 hectares de basses-tiges, pommiers, poiriers et cerisiers. La présence de nichoirs pour mésanges et d’assemblages tubulaires pour insectes pollinisateurs (abeilles sauvages, osmies, etc.) nous renseigne sur l’option de culture intégrée, gage d’un minimum de pulvérisations, et donc d’une recherche de qualité.

Les pommiers, Cox et Jonagold, sont greffés sur M9, un porte-greffe faible à enracinement peu profond qui réclame d’indispensables tuteurs de 2 m hors sol. Les troncs hauts de 2m50 dans un premier temps, ont été prolongés d’un mètre pour mieux maîtriser une vigueur qui induisait un supplément de travail. Conséquence, un fil a été tendu à 3 m pour solidifier l’ancrage.

A la plantation, le professionnel n’achète que des scions dont les branches latérales forment avec le tronc un angle le plus ouvert possible, proche de 90°. Cela permet l’obtention rapide de charpentières assurant la vigueur adéquate. Les arbres qui n’offrent pas ce caractère sont écoulés dans le commerce amateur. En l’absence de cette qualité, il est impératif durant la formation d’amener les futures charpentières quasi à l’horizontale au moyen d’une cordelette clouée sur le tuteur. Pour éviter la casse, cette opération s’effectue en mai, lorsque la montée de sève assouplit le bois. Après une saison, il faut veiller à ôter les ficelles pour éviter l’étranglement.

Pour des raisons de coût et de rendement, les fruitiers sont taillés en forme pyramidale (sapin) pour favoriser l’ensoleillement, la régulation de la sève et le travail à hauteur d’homme. En cas de restauration, faute de pouvoir revenir à cette forme pyramidale, l’amateur peut opter pour la forme gobelet en évidant le centre de la couronne afin d’augmenter la luminosité.

Si, présenté à des tailleurs différents, un même arbre serait taillé de différentes façons, chacun cependant recherche l’obtention de fruits bien calibrés et bien colorés. A cet effet, il faut limiter le nombre de bourgeons fructifères, donc de fruits. Mais aussi, favoriser leur exposition, rendre les pulvérisations aisées et faciliter la cueillette. De plus, pour les arbres à pépins (pommiers et poiriers), il faut prévoir la production de l’année suivante par des choix judicieux basés sur les critères suivants :

– un dard donne du bois et les fruits poussent sur le bois de 2 ans ;

– une brindille couronnée (= bourgeon terminal) donne les plus beaux fruits ;

– une lambourde (= bourse du fruit de l’année précédente) fructifiera à nouveau dans 2 ans ;

– un bouton floral peut produire 6 à 8 fruits soumis à une élimination partielle naturelle ;

– un rameau se choisit en sachant que le poids du fruit et de la pluie sur le feuillage en modifie l’inclinaison et donc l’exposition ;

– une charpentière atteignant un diamètre équivalent à 50% de celui du tronc doit nécessairement se renouveler ;

– tout cela sans oublier de faciliter le passage du tracteur (plateau élévateur pour la taille, pulvérisations, etc.).

D’autres facteurs conditionnent le travail de l’arboriculteur, comme les analyses de terre qui déterminent l’apport des fertilisants. Mais le plus impressionnant est sans doute le coup d’oeil qu’il faut acquérir pour parvenir à tailler cent arbres à l’heure, soit 1/2 hectare par jour ! Même en utilisant un sécateur électrique, cela me laisse admiratif. Bravo les pros !

Robert Coune

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